Le cinéaste François Truffaut a dit un jour que toute personne possède deux métiers : le sien et celui de critique de cinéma. Pas plus fou qu’un autre, je vous propose ici mon palmarès des dix lieux communs du cinéma.
1. Le roman est bien meilleur que le film.
Ce jugement vient d’un malentendu assez répandu selon lequel une adaptation pour le cinéma devrait être la transcription scrupuleusement fidèle et détaillée du roman. Mais cela n'est pas possible ni même souhaitable. Il est tout à fait normal qu’il y ait de grandes différences entre les deux puisque le cinéma s’exprime par les images et les sons, et que et le roman s'articule par les mots. Autrement dit, il ne faut pas reproduire ou rechercher les manières d'un art dans une autre forme d'art.
2. Tant qu’à payer 12$ pour un film, j’aime autant en avoir pour mon argent.
L’argument massue pour choisir la dernière grosse patente hollywoodienne plutôt qu’un film indépendant. Mais la hauteur du budget n’est absolument pas une garantie de qualité, loin de là. Même que les budgets titanesques incitent souvent à s’en tenir aux recettes répétées des millions de fois. Avez-vous vraiment besoin d’une preuve?
3. J’aime bien « encourager » le cinéma québécois de temps en temps.
On ne va pas au cinéma par charité ni pour une cause, on le fait simplement pour être ému. Et dans le cas spécifique du cinéma québécois, on va le voir aussi parce que ça fait du bien, comme peuple, de se voir représenté sur le grand écran.
4. C’est un bon film mais il y a des longueurs…
Ça, c’est le commentaire passe-partout que l’on entend pour la grande majorité des films. C’est vrai que c’est bien mérité pour plusieurs films, mais il y en a beaucoup qui reçoivent à tort cette critique. Comme dans la vie, il y a au cinéma des moments de grandes intensités, d’actions trépidantes, de drôleries, d’émotions poignantes, mais aussi des instants méditatifs et de répit. Un film est fait de rythmes.
5. C’est avec de grands sujets que l’on fait de grands films.
Vraiment? Un film où les oiseaux se mettent à attaquer les gens, ça me semble à priori assez idiot. Ça a pourtant donné The Birds. Et que pensez-vous de ce sujet-là : sur la route, un camion poursuit un homme sans raison? Ridicule! C’est l’histoire du génial Duel de Spielberg. Et je pourrais vous donner des exemples comme ça pendant des heures.
6. C’est pourri, il n’y a même pas d’histoire!
Le cinéma est un formidable medium pour raconter une histoire, mais comme toute forme d’art, il ne se limite pas qu’à cette seule et unique fonction. C'est agréable et enrichissant de voir aussi des films expérimentaux, poétiques ou axés sur l’approfondissement d’un personnage plutôt que sur une intrigue, non?
7. Ça manque d’action.
Il y a toute une panoplie de films basés essentiellement sur les dialogues qui fonctionnent parfaitement : Le déclin de l’empire américain, Le femme du boulanger, Clerks,… D’un autre côté, les films de la franchise Transformers sont bourrés de scènes d’action mur-à-mur. Est que cela en fait de bons films? Poser la question, c’est y répondre.
8. C’est sûrement plate, la bande-annonce est nulle!
Mon expérience cinéphilique m'a appris que l'on ne doit surtout pas juger un film par sa bande-annonce. Une bande-annonce médiocre ne signifie pas que le film est mauvais, pas plus qu'une autre extraordinairement prometteuse ne garantit la qualité d'une œuvre.
9. J’aime mieux écouter des films sur mon téléphone.
Traitez-moi d’intégriste si vous voulez mais il me semble qu’un film est d’abord conçu pour être projeté sur un grand écran dans une salle de cinéma devant public. Tout ce qui le rétrécit est un sous-produit de l’œuvre. Comme disait Elvis Gratton, « Think big, stie! »
10. J’ai payé pour mon billet, j’va parler pendant l’film si ça m’tente, ok!
À ceux qui sont d’avis que le prix du billet vous autorise à vous faire aller le mâche-patate, sacrez-moi patience et restez donc chez vous à écouter vos films sur votre *@#* de téléphone!!!