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Charles Castonguay

Détente ou torture : Le phénomène ASMR



Il y a quelques mois, j’ai découvert par hasard un vidéo qui me faisait la promesse de me fournir un sentiment de détente après seulement quelques minutes d’écoute. La vignette du vidéo présentait une personne à 2 centimètres d’un micro frottant des objets ensemble. Tout cela me semblait un peu étrange, mais jamais je ne me serais attendu à ce qui allait suivre.


Je démarre le vidéo et le Youtuber commence à susurrer son introduction en nous souhaitant la bienvenue. Il explique ensuite que cet épisode va contenir les sons de différents objets frottés les uns sur les autres. Très intrigué, je me demande s’il s’agit d’un truc fétichiste, d’une blague ou d’un meme hors de ma compréhension. Après quelques secondes, je ne ressens aucune détente, mais plutôt une espèce de sensation malaisante de picotement dans mon cou. J’apprendrai par la suite que c’était exactement l’intention derrière le vidéo.


Cette expérience sensorielle est le ASMR (autonomous sensory meridian response), une réaction physique à des stimuli sonore qui provoque ce que j’ai vécu pendant mon écoute de chuchotements sur Youtube. Il existe d’ailleurs une immense communauté sur les médias sociaux de fans ASRM. Le phénomène est de plus en plus étudié depuis les 10 dernières années et les scientifiques s’entendent maintenant sur le bien-fondé de son existence. Étant un passionné de l’audio, j’ai exploré les utilisations possibles du ASMR en cinéma pour provoquer une réaction du spectateur.

Le premier exemple que je vous présente est une scène tirée de Phantom Thread (2017).





À partir de 0:40, on remarque la présence de plusieurs sons utilisés pour ponctuer la prise de mesure. Ces effets sonores contiennent une forte présence de hautes fréquences et souvent des cliquetis, ce qui donne une impression de très grande proximité. Tous les concepteurs sonores utilisent cette technique afin de rendre l’audio d’une scène plus claire et distinguable, mais ici on perçoit bien l’intention d’exprimer un niveau d’intimité supplémentaire. Il s’agit d’une caractéristique centrale des sons ASMR; c’est comme si quelqu’un vous chuchotait à l’oreille. On peut supposer que ce choix a été fait pour générer un sentiment positif, mais il est possible d’arriver au résultats inverse dans un autre contexte.

En cinéma d’horreur, les bruits ASMR sont parfaits pour susciter le dégoût :





Encore une fois, on retrouve des bruits avec le même profil de fréquences, mais qui sont tout à fait répugnants. Du moins, il s’agit de l’intention derrière le son. Il est relativement commun pour plusieurs personnes d’avoir une aversion aux bruits de déglutition ou de succion de ce type. Cela est encore plus vrai pour les gens souffrant de misophonie, un trouble associé à la répulsion physique face à certains sons. Cependant, les adeptes du ASRM peuvent également trouver agréable des bruits comme celui d’une personne qui croque et qui mâche de la nourriture très croustillante. Les réactions semblent ainsi très personnelles d’un individu à un autre.

Le contraste entre la perception positive et le sentiment de dégout généré par les sons ASRM est pour le moins intrigant. Je ne serais pas surpris de voir de plus en plus de cinéaste exploiter ce phénomène pour ajouter à leurs films. Faites-en le test et découvrez votre propre réaction aux vidéos des Youtubers ASMR.





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